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Type de recherche : une méthodologie mixte

method.jpgLes partisans de l’approche quantitative soutiennent que la recherche dans le domaine des sciences de l’éducation doit être objective, exempte de biais et généralisable dans tout contexte.

Quant aux adeptes de l’approche qualitative (voir Lincoln et Guba, 1985), ils ont rejeté ce souhait d’objectiver de façon sine qua non la recherche en sciences sociales. Pour les adeptes de cette approche, l’objectivation et la généralisation dans les sciences sociales sont à la fois impossibles et non souhaitables. La recherche qualitative est plutôt caractérisée par l’importance accordée à l’induction, aux descriptions riches, etc. Ces deux positions, épistémologiquement contraires, ont souvent évoqué ce que Howe (1988) appelle la thèse de l’incompatibilité qui soutient que la recherche qualitative et la recherche quantitative, de même que les méthodes de collecte de données inhérentes à ces deux approches, ne pouvaient pas être alliées. L’idée de devoir choisir entre la recherche qualitative et la recherche quantitative a ainsi caractérisé la grande partie des recherches en sciences de l’éducation pendant ces 15 dernières années. Pourquoi les sciences de l’éducation devraient-elles épouser cette dichotomie méthodologique qui ne semble pas prendre en compte la complexité de la réalité ? Pourquoi ne pas trouver un compromis entre ces deux solitudes méthodologiques ?

En fonction des six objectifs de recherche issus de l’appel d’offre de l’AUF (…), il semble opportun de faire appel à une méthodologie mixte de recherche (la Mixed-Methods Research1 dans la littérature anglo-saxonne) où nous recueillerons à la fois des données qualitatives et quantitatives. Il s’agit de la suite naturelle et surtout pragmatique aux méthodologies traditionnelles de nature quantitative ou qualitative. La méthodologie mixte permet en fait le mariage stratégique de données qualitatives et quantitatives, de façon cohérente et harmonieuse, afin d’enrichir les résultats de la recherche. Cette approche mixte permet en effet d’emprunter à diverses méthodologies, qualitatives ou quantitatives, en fonction de nos objectifs de recherche. Avec les approches mixtes, il y a en quelque sorte un pluralisme méthodologique. En outre, la méthodologie mixte de recherche facilite la triangulation des résultats de recherche. Johnson et Onwuegbuzie (2004) font également remarquer que les méthodes mixtes engendrent souvent des résultats de recherche supérieurs aux méthodes uniques.

 

Sujets de recherche

Notre échantillon sera d’abord constitué de l’ensemble des apprenants à distance de l’Agence Universitaire de la Francophonie, et ce, pour chacune des trois années (2100 sujets en tout, soit : 700 la première année, 700 la seconde, 700 la troisième année). Notre échantillon sera également constitué de 700 diplômés des programmes de l’AUF.

 

Méthode de collecte de données mixte

Le contexte des participants (apprenants à distance) et la temporalité de l’étude proposée (suivi pendant trois années) nous amèneront à faire appel à six principales méthodes de collecte de données.

 

A. Questionnaire d’enquête en ligne (n = 700, année 1 ; année 2 ; année 3)

Nous administrerons d’abord un questionnaire d’enquête (en ligne) auprès de l’ensemble des apprenants, ce qui nous permettra d’obtenir des informations en lien avec les cinq premiers objectifs de l’étude. L’instrument utilisé sera composé à la fois de questions ouvertes (a), mais aussi d’une échelle (b) nous permettant notamment d’évaluer la motivation des participants (voir Passey, Rogers, Machell et McHugh, 2004), d’une version adaptée et validée (auprès d’un sous échantillon de répondants) du questionnaire de la British Educational Communications and Technology Agency sur les barrières rencontrées par les apprenants dans les formations faisant appel aux TIC (c). Pour ces deux questionnaires, nous élaborerons et validerons des versions adaptées qui répondent aux spécificités du contexte de l’étude. Enfin, notons que comme l’enquête sera réalisée en ligne, la collecte et l’analyse des résultats sera grandement facilitée (utilisation d’une base de donnée MySQL, etc.). Une réunion des quatre principaux chercheurs est prévue en mai prochain à Montréal pour finaliser l’élaboration du questionnaire d’enquête.

 

B. Second questionnaire d’enquête en ligne (n = 1400 : n = 700, année 2 et 3)

Parallèlement, nous administrerons un second questionnaire d’enquête (toujours en ligne) auprès des 700 diplômés des programmes de l’AUF de l’année 1, et ce, afin de mieux comprendre le profit tiré des diplômes par les apprenants (objectif 6). Pour la troisième année, nous répéterons l’enquête auprès de ce même échantillon de diplômés, et ce, afin de mieux comprendre l’impact réel de la formation suivie.

 

C. Entrevues individuelles semi-dirigées (25 année 1 ; 25 année 2)

Nous réaliseront des entrevues individuelles semi-dirigées (téléphonique et en ligne avec la téléphonie IP) auprès d’un sous-groupe d’apprenants au cours des deux premières années (25 année 1 ; 25 année 2). Les entretiens seront d’une durée de 15 à 20 minutes et seront tous enregistrés (de façon numérique) afin de pouvoir être analysés subséquemment. Pour les entrevues, nous nous assurerons d’avoir une certaine répartition selon différents paramètres :

région ou pays (a), genre (b), âge (c), programme de formation (d)2. Selon nous, il est important de réaliser des entrevues avec un sous-groupe d’apprenants, et ce, afin de comprendre :

• les motivations des apprenants à suivre une formation à distance ;

• les principales difficultés rencontrées au cours de leur formation ;

• les modes d’articulation entre leur activité professionnelle et leurs activités d’apprentissage à distance ;

• les représentations à l’égard de l'enseignement à distance.

 

D. Groupes de discussion électronique (n = 30 en 3 groupes de 10 : année 3)

Nous inviterons également d’autres apprenants à participer à 10 groupes de discussion électronique (en ligne), lors de l’année 3. Chaque fois, 10 étudiants (différents d’un groupe électronique de discussion à l’autre) participeront à ces discussions sur une plateforme permettant d’enregistrer les échanges (écrits) entre les participants et l’animateur du groupe de discussion. Ces discussions, qui seront réalisées sur une des plateformes déjà développées pour les formation à distance, dureront chacune 60 minutes. Pour la sélection des 30 participants à un groupe de discussion électronique, nous respecterons les paramètres déjà identifiés pour les entrevues individuelles (provenance géographique, genre, âge et programme).

 

E. Entrevues de groupe en présentiel auprès de diplômés

(25 participants représentatifs, regroupés en 3 groupes de 8 : année 3)

Enfin, puisque tous les membres de notre équipe sont impliqués dans différents projets en Afrique, nous profiterons de ces déplacements pour réaliser des entrevues de groupe enprésentiel, trois pays d’Afrique de l’Ouest ou du Centre. Nous ciblerons particulièrement les pays où il nous sera possible de réunir une douzaine de participants pour participer à ces entrevues de groupe en présentiel.

 

Enfin, le Tableau 1 présente le lien entre les objectifs de recherche et les méthodes et instruments de collecte de données.

 

Tableau 1 : Lien objectifs et méthodes/instruments de collecte de données.

 

OBJ.(S) VISÉ(S)

MÉTHODES ET INSTRUMENTS DE COLLECTE DE DONNÉES

O1 à O5

 

Enquête par questionnaire en ligne auprès des apprenants (n = 2100, soit 700

chaque année).

O6

 

Enquête par questionnaire en ligne auprès des diplômés (n = 1400, soit 700

pour l’année 2 et 700 pour l’année 3).

O2, O3, O4

Entrevues semi-dirigées (25 année 1 et 2) auprès apprenants.

O2, O3, O4, O5

 

Groupes électroniques de discussion (n = 30 apprenants, réparties en 3 groupes de

10, année 3).

O6

Entrevues de groupes en présentiel auprès des diplômés

 

 

Méthodes d’analyse des données

L'analyse des données qualitatives s’inspirera des démarches proposées par L'Écuyer (1990) et Huberman et Miles (1991, 1994). Nous allons privilégier une approche de type « analyse de contenu » (voir Tableau 2). Selon Sedlack et Stanley (1992) et L’Écuyer (1990), l’analyse de contenu est une « méthode de classification ou de codification des divers éléments du matériel analysé, permettant à l’utilisateur d’en mieux connaître les caractéristiques et la signification »

(L'Écuyer, 1990 ; p. 9).

Tableau 2 Modèle général des étapes de l’analyse de contenu (adapté de L’Écuyer, 1990)

 

Étape / Caractéristiques

I      Lecture des données recueillies

II     Définition des catégories de classification des données recueillies

III    Processus de catégorisation des données recueillies

IV    Quantification et traitement statistique des données

V     Description scientifique des cas étudiés

VI    Interprétation des résultats décrits à l’étape V.

 

Les analyses qualitatives seront effectuées à l’aide du logiciel NVivo 2.0, abondamment utilisé dans l’analyse de données qualitatives en recherche (O’Connor, 2002 ; Willis et Jost, 1999).

NVivo permet, avec le module Merge, une mise en commun des données inter-sites, ce qui sera fort utile pour notre projet auquel participeront au moins quatre universités du Nord, et plusieurs chercheurs du Sud. Sur le plan des analyses quantitatives, les logiciels SPSS 11.0 et LISREL 8.51 seront utilisés afin de réaliser des statistiques descriptives et inférencielles. Des analyses de variance seront notamment effectuées.

Tag(s) : #Méthodologie
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