«Mon grand-oncle m'a longtemps fait l'effet d'un vieux monsieur grincheux, toujours en
colère contre la terre entière. Jusqu'à ce que je découvre, des années après sa mort, par hasard, sur Internet, quelques lignes sur sa vie d'anarchiste en Algérie.
Il venait d'une famille juive berbère, peut-être installée là depuis l'Antiquité. Ses
ancêtres étaient des dhimmis sous la régence turque, des indigènes sous l'Empire colonial français, avant que le décret Crémieux, en 1870, en fasse des citoyens de la
République.
Fernand Doukhan voit le jour à Alger, en 1913. Il est le premier homme de la famille à naître français, le premier à avoir un prénom qui ne soit pas hébraïque, le premier à devenir instituteur - et pas matelassier ou colporteur... Lorsque le FLN attaque, dans la nuit du 1er novembre 1954, Fernand Doukhan a déjà choisi son camp : l'indépendance. Il fait partie des premiers réseaux de porteurs de valises, ceux des anarchistes et des trotskistes. Il est arrêté pendant la bataille d'Alger, enfermé dans un camp d'internement, près de Médéa, où la France éloigne les pieds-noirs indépendantistes, puis expulsé du pays. En avril 1958, des policiers le poussent sur un bateau pour Marseille. Il ne retournera jamais en Algérie.
Il est mort voilà presque quinze ans. Sans laisser de lettres, de journal
intime, d'enfants.
Ce livre a été un voyage dans le passé, sur les traces qui restent de lui, dans les endroits où il a vécu, dans les archives, dans les mémoires de ceux qui ont
croisé sa route. Il raconte une autre histoire des Français d'Algérie.»
Nathalie Funès est diplômée de
l’Institut d’études politiques de Paris, d’une maîtrise en Économie internationale et d’un DESS en communication.
Elle est journaliste au Nouvel Observateur depuis 2003, après avoir travaillé au Nouvel Économiste et à Challenges.
Stock, Paris, France
ISBN : 9782234062498
17.00 €
Nov. 2010
Sommaire
Fils d'indigène
Normalien
Prisonnier de guerre
Instituteur de la République
Militant anticolonialiste
L'arrestation
Oublié à Lodi
Les derniers jours