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L’enseignement du fait religieux pose le problème du rôle de l’école. De mon point de vue, la laïcité n’exclue pas les religions, loin s’en faut, mais elle laisse la liberté aux parents et aux enfants de choisir l’éducation religieuse qui leur convient et ce, en dehors des bâtiments scolaires. Il serait fort possible que, comme pensent certains, « l’inculture religieuse des jeunes est un signe de la crise morale que traversent les sociétés modernes »[2], mais le rôle du rétablissement de la morale dans les sociétés modernes revient-il à l’école seulement ? L’école est-elle en mesure de « remettre les pendules à l’heure » dans un monde où le nombre d’acteurs qui interviennent de façon effective dans l’éducation des enfants ne cesse d’augmenter avec le progrès époustouflant des technologies de l’information et de la communication et des médias ?

Y a-t-il réellement une crise morale ou une évolution des mœurs ? Que veut dire enseigner le fait religieux ? Enseigner quelle religion ? Celle de la majorité ? Enseigner à chacun sa religion ? Comment ? L’Etat est-il en mesure de le faire et à quel prix ? En outre, cela n’entraînera-t-il pas le communautarisme et le repli identitaire ?

Ces questions ont plus que jamais lieu d’être dans notre monde contemporain où les moyens de communication favorisant le contact entre individus a facilité la propagation des politiques, philosophies et religions. A cela s’ajoute le mouvement migratoire vers les pays développés. Tous ces phénomènes ont contribué à la naissance de sociétés pluriethniques et pluriconfessionnelles. C’est ainsi qu’on voit apparaître de nouvelles revendications culturelles et religieuses qu’il n’est pas toujours facile de satisfaire dans un pays où la neutralité et la laïcité constituent des fondements de l’Etat. Je préfère l’emploi du suffixe « pluri » au lieu de « multi » car ce dernier sous-entend que les différences religieuses sont vécues dans le respect et l’entente ; or, cette diversité est souvent la cause de malentendus, de conflits et de repli communautariste.

L’expérience a prouvé qu’à chaque fois que la religion s’immisce dans les affaires publiques, elle cause des conflits, devient néfaste et engendre le contraire des valeurs nobles qu’elle est censée prôner comme la fraternité, le respect de ses semblables, la tolérance, etc. La laïcité ne fait que redonner à la religion son véritable rôle.

Karim Kherbouche

[1] Ce titre reprend le principe de Crémeux : « le prêtre à l’Eglise, l’instituteur à l’école ».

[2] Saeed Paivandi, EC : L’analyse comparée des systèmes éducatifs, Cours N° 11, Séquence 1 : Education comparée – la religion et l’enseignement.

Tag(s) : #Philosophie
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