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Aujourd’hui, Facebook arrive à maturité. La planète connectée est déjà réunie sur ce support et pratiquement tous les internautes dirigent leur vie virtuelle sur ce support. Pourtant on le sait, pour prospérer il faut évoluer. En ce sens Facebook est passé à la vitesse supérieure cette année. Progéniture métissée issue de vues insistantes sur Google Plus et d’une jalousie envers Twitter, Facebook Timeline a déjà inondé nos écrans.

Au delà des fonctionnalités qui lui sont allouées, Facebook Timeline semble être l’allégorie parfaite du web des prochaines années. Un écosystème social centré sur les choix, les goûts et les relations de l’utilisateur. On ne nous aurait donc pas menti ! Le web 3.0 (sémantique) dont tout le monde nous rabâchait les oreilles pointe bel et bien le bout de son nez.

Mais cette formule ne va t-elle pas trop loin ? Le Justin Bieber des réseaux sociaux ne mériterait-il pas qu’on lui coupe la mèche une bonne fois pour toute ? Quelles manifestations psychologiques le journal Facebook implique t-il ? Pourquoi participe-t-on activement à l’exhibitionnisme de notre vie sur Internet ?

 

Une machine de rêve pour une image de rêve

En quelques années, le réseau social est parvenu à devenir le gouvernail numérique du 3ème pays (virtuel) le plus peuplé au monde. Il a su réunir en un seul endroit la très grande majorité des attentes et des désirs des internautes lambda en constituant un carrefour synergique sans précédent.

Facebook est devenu le couteau suisse de notre vie quotidienne. Vous vouliez retrouver cette charmante femme croisée à la dernière soirée entre amis, vous pouvez. Vous voulez impressionner vos contacts en les informant que vous écoutez un groupe de musique à la mode, vous pouvez.

Facebook ou comment administrer sa vie virtuelle

Chaque décennie, il existe généralement une plateforme motrice dans la socialisation des rapports humains. Nous en sommes arrivés à un point ou Facebook est devenu un phénomène culturel plus qu’un outil de réseautage. Si bien qu’être sur Facebook est presque devenu un devoir. Combien de personnes se sont inscrites car leurs amis leur ont dit « T’es pas sur Facebook mais qu’est-ce que t’attends ? ». Sujets de discussions d’un monde connecté, vous avez sans doute remarqué qu’on entend régulièrement son nom se balader entre les bouches de vos voisins de bus, de train, de travail, etc.

Cette image de rêve, c’est bien les utilisateurs qui l’ont construite. Toute entité virtuelle n’est rien sans ses utilisateurs. C’est donc bien autrui qui confectionne lui-même les succès de notre quotidien. C’est ainsi qu’avec ses grands sabots, Facebook s’est imposé pour devenir le refuge de toutes les générations du 21ème siècle.

C’est bien l’intégration de cet outil dans notre vie de tous les jours qui nous a conduit à partager naturellement nos découvertes, coups de cœur et états d’âme à notre réseau. Au-delà de cette volonté de « garder le contact », on note que nos choix nous donnent la possibilité de se façonner une image idéale aux yeux de nos « amis ».

Bref. Il faut être sur Facebook pour être « dans le coup ».

 

Facebook : le reflet d’une quête illusoire

Selon la pyramide de Maslow, les besoins humains sont d’abord vitaux (nourriture, air), puis sécuritaires (maison, argent). Une fois ces attentes «comblées» (en apparence), apparaît le besoin de se socialiser, d’être entouré. Cette volonté d’exister aux yeux de nos pairs nous renvoie à une nécessité d’être accepté, intégré, reconnu. Pour ce faire, notre nature nous pousse à bien paraître et souvent à mettre en avant des traits de notre personnalité qui sont susceptibles de nous valoriser aux yeux de notre entourage ; même si parfois ce ne sont pas ceux qui nous caractérisent le plus.

Bien avant internet, nous cherchions déjà tous à « optimiser » notre attitude pour être identifié comme une personne ressemblant à l’image que l’on souhaite se donner. Lors de l’ère 1.0, il n’existait presque pas de possibilité pour faire résonner sa voix.

Nos besoins dictent nos actes

C’est donc bien le web 2.0 qui a tout révolutionné. Tous ces besoins de ralliement et d’écoute se sont vus comblés par l’ascension d’outils sociaux consacrés à l’exposition de son image. Maintenant, nous ne cherchons pas seulement à plaire à notre entourage proche, mais également à la population connectés.

Sur Facebook, cette dimension commence à prendre une ampleur malsaine. Ici, tout notre réseau est susceptible de connaître nos goûts, nos envies, nos désillusions, notre situation personnelle et professionnelle. Pourtant c’est bien nous qui avons sciemment décidé de rentrer toutes ces informations sur notre profil. Le lien entre nos actes et ses répercutions directes est trop flou, surtout pour les plus jeunes qui voient en Facebook un MSN 2.0 sans conséquences.

Pire, avec la nouvelle interface Facebook et ses nouveaux partenaires, notre réseau constitue une réelle caméra de surveillance 24h/ 24, 7j/7. Votre collègue peut voir quelles musiques vous écoutez, votre amis d’enfance peut connaître les vidéos que vous avez visionnées. L’interopérabilité des outils eux-mêmes semblent nous forcer à privilégier la consommation de contenus collant à l’image que l’on souhaite se donner. Vous êtes-vous déjà demandé : je ne vais pas écouter ça, les gens vont le voir, la honte ?

Évidemment, certains refuseront de croire que leurs actes puissent être dictés par une volonté qui dépasse leur «naturel». Mais n’avez-vous jamais pensé lors d’une de vos publications « tiens, je sais que cela va plaire à mon réseau !». En y réfléchissant, le principe même de la crédibilité et de la réputation (piliers fédérateurs de la toile) reposent sur un principe d’acceptation et de reconnaissance d’autrui. Il faut séduire pour attirer, et plaire pour fidéliser.

En sommes, nous pervertissons TOUS une partie de notre personne d’une certaine manière. Cette attitude traduit une volonté d’assouvir un besoin existentiel d’intégration et de bonne estime de soi.

 

Un reflet à notre image ?

Avec le web sémantique qui attend sur le palier de la porte, gérer sa page Facebook demande une expertise que peu de gens ont. Il faudrait presque engager quelqu’un pour gérer sa propre page tant Facebook semble vouloir nous mettre des bâtons dans les roues. Oui il nous donne toujours plus de fonctionnalités pour étaler sa vie créer du lien social avec son réseau… Mais ils nous éloigne toujours un peu plus de la possibilité de gérer ses paramètres de confidentialité. Chaque mise à jour, même minime réinitialise les réglages de son compte. Et que dire de la gestion des listes qui peut vite donner la migraine. En somme, il faudrait faire de la veille quotidiennement pour savoir si nous contrôlons parfaitement notre communication.

Facebook : un jeu d’enfant ?

Malgré tout, l’ensemble de cette réflexion ne concerne bien souvent que les plus avertis. Les plus jeunes ne semblent pas avoir conscience des répercutions de leurs interventions, mais surtout, ne semblent pas s’en soucier. Sans doute car ils voient en Facebook un outil identitaire pour rassure leur égo en s’entourant de contacts parfois méconnus. On dit souvent qu’il faut donner pour recevoir sur le web 2.0. Ici les utilisateurs de Facebook donnent sans compter, mais Facebook lui, donne pour compter.

Les gens oublient rapidement que Facebook n’est pas une société à but non lucratif. Elle génère du business et a des objectifs commerciaux avant tout. Que deviennent toutes ces informations collectées, les mails, les conversations, les commentaires, les images ? Mais les gens s’en soucient-ils réellement sur le court terme ?

Lentement mais surement, les gens partagent toujours plus de leur quotidien à des inconnus (vus une seule fois). Imaginez-vous dire à une personne dans la rue ce que vous dites à vos contacts ? La satisfaction d’administrer une image idéalisée de soi-même semble suffire à notre bonheur.

 

Facebook nous rend-il exhibitionniste et nombriliste ?

Il s’agit donc d’une illusion de contrôler sa vie alors qu’en y regardant de plus prêt c’est bien l’outil qui dicte nos propres actes. Je sais je vais loin, mais c’est volontaire.

Dans une société de plus en connectée, on remarque que nous sommes de plus en plus individualistes. Pour bien des internautes, le web est un projecteur et il ne fait pas bon de rester dans l’anonymat. Facebook est en ce sens la compilation identitaire idéale d’un fantasme de reconnaissance et d’acceptation sociales. Mais si Internet est un média culturel, il reste jeune et pas encore maitrisé par tous. Cette volonté d’exister aux yeux des autres nous «force» inconsciemment à laisser une trace de son passage, quitte même à véhiculer des valeurs qui ne sont pas les nôtres.

Cet exhibitionnisme latent transforme la notion d’intimité. Aujourd’hui, notre vie privée n’est plus un droit, mais un compromis. Dans l’idéal, chacun devrait à présent évaluer les avantages et inconvénients avant de publier et diffuser une information. Un investissement obligatoire si l’on veut tenter de rester en accord total avec notre personnalité offline.

Facebook nous vole-t-il une part de notre identité ?

Dès lors, sommes-nous condamnés à scinder notre vie online et offline en deux pour  satisfaire nos besoins de socialisation ? Devons-nous persister volontairement dans « l’hypocrisie »  pour continuer à plaire à tout prix ?

Oui cet article va loin, et non je ne suis pas paranoïaque. Je sais que la plupart des gens penseront qu’ils ne publient que le contenu qui leur ressemble. Il est pourtant intéressant de se poser la question de savoir si nos décisions online ne sont pas le résultat de démarches plus profondes. Le fait est que l’on accepte de plus en plus de privilégier une image de compromis, quitte parfois à exposer des informations qui nous ressemblent moins mais qui nous valorisent plus.

 

Que pensez-vous de tout cela ?

 

Source: http://www.psycheduweb.fr/facebook-ou-le-dedoublement-de-la-personnalite/

Tag(s) : #Psychologie
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